Quand le travail épuise …
Le burn-out est une réaction psychologique prolongée au stress chronique au travail.
Il est reconnu dans la Classification internationale des maladies (ICD-11 de l’OMS) comme un facteur affectant l’état de santé, même s’il n’est pas considéré comme une pathologie au sens strict. Il y est défini comme un « syndrome résultant d’un stress chronique au travail qui n’a pas été géré de manière efficace » .
Nb : Un syndrome est un terme médical et scientifique qui désigne un ensemble de symptômes (signes physiques, psychologiques ou comportementaux) qui apparaissent ensemble de manière régulière et caractérisent une condition particulière.
a) Origine dans le monde des soins à la personne
Le terme de Burnout apparait dans un article pionnier intitulé “Staff Burn-Out”, publié en 1974 dans le Journal of Social Issues, par Herbert J. Freudenberger, psychologue et psychothérapeute américain d’origine allemande, décrit pour la première fois le syndrome d'épuisement professionnel (burn-out).
Il décrit ce syndrome observé chez des professionnels investis, notamment dans les métiers de l’aide (soignants, travailleurs sociaux). Il y identifie un état d’épuisement émotionnel, physique et mental, causé par un engagement excessif dans un travail exigeant et peu soutenu.
Il définit le burn-out par un « état d'épuisement émotionnel, mental et physique causé par un investissement intense et prolongé dans le travail », en particulier dans les professions d’aide. Il observe que le burnout touche surtout les personnes très engagées dans un travail exigeant, idéalistes, et peu soutenus, qui finissent par se "consumer" dans leur rôle professionnel.
Le terme Burnout est ensuite formalisé par Maslach (1981), il se manifeste classiquement par trois dimensions : épuisement émotionnel, dépersonnalisation et réduction du sentiment d’accomplissement personnel.
b) Aujourd’hui : un syndrome multidimensionnel
Les chercheurs ont élargi leur compréhension du burn-out : ce syndrome d’épuisement ne se limite plus à un type de métier, mais peut concerner tout professionnel exposé à un stress prolongé, dans n’importe quel secteur d’activité. Aujourd’hui, le burn-out est conceptualisé comme une crise dans la relation d’un individu à son travail.
Le burn-out est largement reconnu comme un syndrome multidimensionnel. Selon la définition classique (et reprise dans la classification ICD-11), il se manifeste par trois symptômes principaux :
- L'épuisement, c’est-à-dire une fatigue intense liée à une exposition prolongée à des exigences professionnelles excessives.
- Le cynisme, ou détachement vis-à-vis du travail, marqué par une attitude distante et un désengagement émotionnel.
- La baisse d'efficacité professionnelle, soit la perte du sentiment de compétence et d’accomplissement dans son activité.
Toutefois, certains chercheurs estiment que l'épuisement seul constitue le coeur du burn-out.
C’est pourquoi une définition harmonisée de l’OMS, adoptée en 2021 par des experts de 29 pays, le décrit comme un état d'épuisement physique et émotionnel causé par une exposition prolongée à des problèmes liés au travail.
Il n’existe pas encore de consensus au niveau de la recherche sur les seuils chiffrés permettant de poser un diagnostic clair, ni sur la manière d’interpréter les sous-échelles (épuisement, cynisme, efficacité réduite). Cela rend les comparaisons entre pays et études difficiles.
c) Aujourd’hui, Bore-out et Burn-out : les deux faces d’un même effondrement
On a souvent tendance à les opposer. Le burn-out serait l’épuisement par excès — trop de pression, trop de charge, trop d’émotions, trop de stress. Le bore-out, lui, serait l’épuisement par le vide — pas assez de sens, pas assez de défis, pas assez d’implication.Pourtant, ces deux réalités ne sont pas si éloignées.
Elles sont liées par un fil invisible : l’envie.
Le burn-out, c’est quand on n’en peut plus. Le bore-out, c’est quand on ne peut plus s’y mettre.
Dans les deux cas, le moteur intérieur cale. L’un, sous la surcharge. L’autre, sous le désengagement et l’ennui.
Mais il y a plus subtil. Quand on reste trop longtemps dans l’ennui, dans l’absence de stimulation, dans la perte de sens, le corps et l’esprit se fatiguent aussi.
Ne rien faire ou faire des choses absurdes ou inutiles épuise, au point de se vider totalement. Le bore-out peut donc être une rampe vers le burn-out, dans sa version la plus sourde et insidieuse. À force de "se faire chier", on perd l'envie de se lever, de penser, de créer, de bouger. Cela devient une usure psychique profonde qui peut conduire exactement au même endroit que le burn-out : l’arrêt.
Bore-out → Burn-out : le cercle vicieux
- Ennui → Désengagement → Perte d'estime de soi → Fatigue morale → Fatigue physique → Effondrement → Burn-out.